mercredi 1 avril 2015

Gel des droits de scolarité : doit-on se réjouir?

Par Samuel Legresley

Dimanche dernier, Francine Landry, ministre de l’Éducation postsecondaire du Nouveau-Brunswick, révèle que la province imposera un gel des hausses de droits de scolarité pour l’année qui vient. Toutes les universités néobrunswickoises seront incluses dans cette mesure, qui fera en sorte de conserver les frais actuels pour l’année subséquente – y compris, bien sûr, ceux de notre chère université.

À Moncton, le budget 2015-2016 proposé ce mardi 31 mars au Conseil des gouverneurs conservera donc le même coût que l’année précédente; qui, selon les renseignements pour une année à temps plein, totalise 5604 $ pour les étudiants canadiens et 10 270 $ pour les internationaux. Comme on l’a vu dans le passé et dans les prédictions futures, les frais augmentent chaque année, mais pour une fois ils nous accordent un répit. Devrait-on se réjouir?

Demande à un étudiant, il te répondrait probablement « oui ». C’est vrai, son euphorie est justifiée. Si l’on compare cela à l’éventualité d’une hausse constante pour les prochains quatre ans, le gouvernement pompe essentiellement quelques centaines de dollars dans les poches de chaque étudiant néo-brunswickois. Toutefois, il faut y mettre un bémol : le danger de se réjouir trop vite, c’est celui de la satisfaction.

Dans n’importe quel mouvement, quand un manifestant a le ventre plein, il arrête de manifester. Quand les masses sont satisfaites, on perd le nombre et ne garde que quelques marginaux. Si l’étudiant moyen se contente de ces mesures temporaires, le mouvement perd de sa masse tangible, de sa matière première, de son essentiel : celui du nombre. Le problème se maintient : le gel des droits de scolarité ne fait que conserver les hausses des années précédentes, les taux grimpants depuis la fondation de l’Université qui ont fait l’objet maintes fois de manifestations dans le passé.

Les étudiants militent pour une baisse des frais, pas pour un gel. Le statu quo n’est jamais signe de progrès. Cette mesure, toutefois réjouissante pour certains, est une démarche temporaire; ne laissons pas cette lutte contre l’endettement étudiant être étouffée par nos ventres trop pleins de financements provisoires gouvernementaux. Le gel ne signifie pas un arrêt, il n’est qu’une pause. Et un répit de la hausse ne doit pas signifier un répit du mouvement étudiant.

Début mars, l’Université du CapBreton en Nouvelle-Écosse a pris position pour résoudre ce problème. Les trois pouvoirs de l’administration, du syndicat des professeurs et de l’association étudiante ont écrit une lettre au gouvernement, ensemble dans un élan de solidarité, pour défendre un enjeu qui leur est commun : la survie de leur université.

Bref, une institution veut rester rentable, et elle ne peut prendre autre mesure que d’aller gratter les poches des étudiants. On tient tous à notre seule et unique université acadienne ; si nous voulons sortir du cercle vicieux paralysant de la montée des frais et de la baisse des taux d’inscription, il ne faut pas s’arrêter là et se satisfaire aux gels de hausses.

Une population éduquée est essentielle à une économie qui prospère; l’éducation est à la base de tout. Si l’on veut maintenir une éducation postsecondaire de qualité en Acadie, il faut se mobiliser en tant que communauté universitaire et faire comme au Cap-Breton : attaquer le problème à la source. Mobilisons-nous une fois pour toutes, étudiants, professeurs et administration, pour demander la gratuité au gouvernement! 

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