Préparons nos parapluies…
par Valentin Depret, rédacteur en chef
Il a beaucoup plu sur le campus ces derniers jours. Une
pluie fine qu’on arrive peu à percevoir depuis la fenêtre de nos salles de
classe, mais dont il faut se méfier une fois dehors. Car certains, en sortant,
se retrouvent complètement trempés sans rien pouvoir y faire. Alors que
d’autres, plus prévoyants, arborent fièrement leurs parapluies. Le parapluie,
c’est justement l’objet qu’il fallait avoir cette semaine. Pour se protéger de
la pluie, certes, comme beaucoup d’entre nous l’ont fait dans les allées du
campus. Mais aussi malheureusement, à quelques milliers de kilomètres de
Moncton, pour se protéger de la police.
Avez-vous vu ces milliers d’étudiants chinois descendre
cette semaine dans les rues d’Hongkong réclamer plus de droits et de libertés ?
Non armés, de manière pacifique, sans violence ni haine, ils étaient juste là avec
le coeur et l’envie d’un pays libre. Ces étudiants ont à peine une vingtaine d’années.
Ils sont comme nous, des jeunes filles et de jeunes gars qui essaient d’exister
au sein de la société. Des jeunes par milliers qui n’acceptent plus de subir
les lois de quelques-uns. Cette insurrection pacifique, ils l’ont nommée «
révolution des parapluies ». Le parapluie, leur seule arme contre la police,
tout un symbole.
Et ce parapluie pourrait bien nous servir, à nous aussi, en
ce moment. Pour la pluie, bien sûr, qui continuera sûrement à tomber dans les prochaines
semaines. Mais aussi et surtout pour toutes ces inquiétudes que nous avons.
Pour toutes ces colères qui parfois nous envahissent. Hausse des frais de
scolarité, perte d’intérêt du personnel politique pour l’éducation, il y a des
fois où l’on aimerait prendre à notre tour nos parapluies et clamer fièrement
nos opinions et nos sentiments. Juste pour voir.
Car tous ceux qui ont déjà manifesté, tous ceux qui ont déjà
éprouvé ce sentiment d’injustice qui nous pousse à descendre dans la rue savent
de quoi je parle. Beaucoup d’entre nous en ont sûrement déjà fait l’expérience.
Il n’y a qu’à regarder la couverture de chacun de nos agendas de la FÉÉCUM pour
nous en rendre compte. La protestation est une action importante et symbolique.
Elle nous permet parfois de défendre nos opinions personnelles, certes, mais
elle exprime souvent surtout le ressenti d’une communauté toute entière.
Et les étudiants que nous sommes, à l’Université de Moncton,
au Nouveau- Brunswick, au Canada, ont envie d’exister. Certes nous avons existé
en votant, pour la plupart, aux dernières élections provinciales. Certes nous
sommes fièrement représentés au quotidien par la FÉÉCUM. Certes nous sommes
heureux de pouvoir étudier dans une Université comme celle que nous fréquentons.
Mais il y a des jours où ce n’est pas assez. Où les enjeux sont tellement forts
qu’ils ont des conséquences directes sur nos vies. Et là nous nous devons
d’agir.
Je ne dis pas qu’il faut suivre l’attitude des étudiants
chinois d’Hongkong. Leur situation est trop différente de la nôtre, plus
difficile que la nôtre. Mais je crois qu’ils représentent une belle source d’inspiration.
Une belle image à garder en mémoire. Car tôt ou tard, une nouvelle inquiétude
pourrait surgir, une nouvelle colère pourrait nous envahir, à plus grande
échelle. Et là, il faudra être prêts à sortir les parapluies.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire