mercredi 20 février 2013

Débat autour du niveau de français des étudiants : la Faculté d’éducation réplique

par Simon Delattre

En réponse aux critiques de Marc-André Villard, professeur de biologie qui s’inquiète des lacunes du français de certains étudiants, notamment parmi ceux qui seront les futurs enseignants, les représentants de la Faculté ont exposé à leur tour leurs arguments pour se défendre. Sylvie Blain, chercheuse en éducation, a publié une lettre vendredi dernier dans l’Acadie Nouvelle. Elle y explique combien le métier d’enseignant est à la fois décisif et difficile et exprime son « admiration » pour ceux qui ont choisi cette vocation. Elle souhaite ainsi « jeter un baume sur toutes les critiques passées et futures ».

Jean-François Richard, doyen de la Faculté d’éducation, a accordé au Front une entrevue. Il a lui aussi fait publier dans l’Acadie Nouvelle du vendredi 15 février un article co-signé avec la vice-doyenne Diane LeBreton. Il rappelle que « le problème existe depuis très longtemps et le danger de l’assimilation est toujours présent dans la province. C’est une problématique à multiples facettes et c’est donc une responsabilité de tous et pas seulement des institutions de formation. Bien sûr, il faut améliorer nos programmes, mais le milieu minoritaire rend l’encadrement difficile ». Il tient également à préciser que la Faculté d’éducation travaille à l’amélioration de la situation : « on est dans une phase de reconfiguration de nos programmes. Les conditions d’admission seront analysées et certaines seront révisées », dit-il avant de souligner que « toute modification des cours doit être validée par le Sénat académique qui regroupe des professeurs, des étudiants, les doyens et des membres de l’administration ». Monsieur Richard met aussi de l’avant le fait que les dernières modifications des programmes datent de 2011 et que les effets positifs commencent à peine à se faire sentir. Pour lui, il faut laisser un temps d’adaptation avant de pouvoir déterminer les répercussions de ces réformes.

Il a aussi tenu à clarifier les choses sur la question des critères d’admission : « la philosophie de l’Université, c’est qu’on accepte presque tous les étudiants. L’Université se veut accessible à l’ensemble des Acadiens, mais admettre beaucoup d’étudiants ne veut pas dire qu’il n’y a pas de conditions de maintien. En éducation, il faut obtenir une moyenne de 2,6 sur 4,3 (soit environ C+) aux trois cours de français obligatoires pour ne pas être exclu du programme. C’est une exigence supérieure à celle des autres programmes qui ne demandent généralement qu’une moyenne de 1. Il faut également réussir un test de compétences langagières en français à la fin de la troisième année. » Il appelle donc à éviter les généralisations simplistes pour se concentrer sur les faits.

Le débat, qui n’est pas nouveau en Acadie, a en tout été relancé et continue par déclarations interposées. Marie-Noëlle Ryan, professeure de philosophie interrogée par Radio-Canada, avait estimé que de « 10 à 15 % des étudiants ne sont pas à leur place à l’université ». Avec une copie pleine de fautes, elle avait montré que certains étudiants ne reçoivent pas une formation suffisante en français. Joëlle Martin, présidente de la FÉÉCUM, a tenu à recadrer ces propos : « Selon nous, c'est une question qu'on devrait se poser : comment améliore-t-on les aptitudes de français de nos jeunes et moins jeunes dans la province? Comme société on devrait avoir le débat, et le but ne devrait pas être de trouver des coupables, mais plutôt de trouver des solutions à ce problème ».

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