vendredi 9 novembre 2012

L’avortement : un débat clos?

par Lucien Cadilhac

Depuis le 26 septembre, des hommes et des femmes se prononçant contre l’avortement se réunissent devant l’hôpital universitaire de Moncton, qui a été désigné par le gouvernement comme hôpital agrée pour les opérations d’avortement. Ils ont instauré un tour de permanence et chacun vient quand il a un moment de libre, de 7 heures du matin à 6 heures du soir; après le travail ou après avoir déposé les enfants à l’école. Les manifestants reconnaissent agir de « façon spontanée et individuelle », afin de défendre leur point de vue, et se réunissent, qu’importe les conditions climatiques. L’avortement est légal au Canada pendant les 9 mois de grossesse, et ce jusqu’à la naissance. Le Canada est un des rares États occidentaux n’ayant aucune restriction concernant l’avortement. De plus, on observe une moyenne de 105 000 avortements par année.

« Prier pour la fin de l’avortement »
Le Front a été interpellé par cette manifestation silencieuse et est allé à la rencontre de ces personnes. Rosalia Grazziani, une des manifestantes, nous a éclairés sur les motifs et les revendications d’une telle manifestation. Selon elle, tout être vivant a un droit inaliénable à la vie, et ce droit s’applique par là même au fœtus. Elle ajoute que dès la conception, la vie est présente et on ne devrait pas aller à son encontre. Le but de la réunion est alors de prier pour la réduction du nombre d’avortements. De plus, elle s’érige contre le fait que dernièrement, la motion 312 ait été rejetée. (Motion visant à élargir la notion d’« être humain » du Code criminel pour y inclure le fœtus et par la même rendre illégal l’avortement) 

« L’avortement fait du mal aux femmes »
Nous avons été ensuite intrigués par une des pancartes tenues par les manifestants qui stipulait « abortion hurts women » ou en français « l’avortement fait du mal aux femmes ». En effet, c’est souvent l’argument du bien-être de la femme que les gens en faveur de l’avortement avancent. Rosalia soutient le contraire; en prenant en compte le bien-être de la femme, il faut interdire l’avortement. « Après l’avortement, la femme a souvent honte et cherche à le cacher. De plus, elle ressent souvent de la culpabilité envers son acte » nous dit Mme Grazziani. En fin de compte il y a nécessité pour protéger la femme, selon les manifestants, de rediscuter le statut du fœtus dans la législation canadienne, comme a voulu le faire le député Woodworth en septembre dernier.

Un mouvement spontané et étendu
Alors qu’une majorité des Canadiens se prononcent pour l’avortement, l’opération de contestation a lieu dans plus de 300 villes du Canada. Dans certaines villes, la manifestation est permanente, 24heures sur 24 et 7 jours sur 7. Les manifestants sont parfois mal accueillis; durant notre entrevue, les passagers d’une voiture ont insulté les manifestants et ont jeté une bouteille d’eau pleine dans leur direction, ce qui aurait pu s’avérer dangereux. 

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