mercredi 17 octobre 2012

Un autre regard sur le pays des sourires

par Stéphie Rebmann

C’était vendredi 12 octobre à 20 heures précises que le Service des Loisirs socioculturels, la SLS, a proposé de vivre une expérience à vous couper le souffle dans la salle de spectacle de la faculté Jeanne-de-Valois pour le 40e des Grands explorateurs.

En cette soirée automnale, la SLS nous conviait à venir voyager au cœur d’un pays aux couleurs vives. Parcourir les routes, les sentiers, les plages; découvrir des villes époustouflantes, des villages traditionnels et des peuples qui ont leurs propres coutumes, un voyage possible grâce aux images enchanteresses du film de Patrick Bernard, « Un autre regard sur la Thaïlande ».

Patrick Bernard, qui êtes-vous?
Ethnographe engagé de renommée internationale, Patrick Bernard s’est rendu pour la toute première fois en Thaïlande il y a de ça une trentaine d’années. Quelles étaient ses motivations? Il a été interpellé par la situation dramatique de plusieurs milliers de personnes contraintes de quitter le pays voisin, la Birmanie, à cause des exactions commises sur eux par l’armée. Il a donc décidé de se rendre clandestinement à la frontière birmane dans le but d’aller à la rencontre des exilés. Par la suite, il a accompagné des groupes de personnes à travers la jungle jusqu’à la frontière thaïlandaise pour les aider à trouver un abri dans les camps de réfugiés.

Il y retournait chaque année pour y mettre en place des programmes humanitaires, alimentaires ou éducatifs avec l’aide de son association de solidarité internationale ICRA.

Année après année, Monsieur Bernard retourne régulièrement sur les terres spirituelles de la Thaïlande. Après avoir passé du temps en compagnie de ces peuples, il s’est forgé des amitiés et il a pris conscience de la richesse de leur patrimoine culturel ainsi que de la valeur de leurs enseignements. Il a pris également « conscience du combat auquel nombre de ces peuples sont contraints aujourd’hui pour continuer d’exister avec leurs différences, dans un monde en voie de globalisation sur le modèle occidental », précise-t-il en introduisant son film.

Le but de Patrick Bernard était de nous présenter les coulisses d’une Thaïlande vraie et sincère. Il souhaitait « tordre le cou » aux clichés qui régnaient sur l’image de ce pays afin de faire découvrir l’envers de la médaille que les touristes ne voient pas toujours sur les cartes postales.

Une Thaïlande insolite
Du sud vers le nord, Patrick Bernard nous fait découvrir le pays du sourire sous son vrai jour. Un pays aux couleurs diverses, à l’architecture variée et aux maintes civilisations.

La première partie du film est consacrée à découvrir les coutumes des peuples, comment ils arrivent à vivre en harmonie avec la nature et les animaux tels que les moines qui s’occupent de près des tigres. Un d’entre eux explique pourquoi ils chérissent ces créatures : tout simplement pour la bonne raison que ces derniers croient en la réincarnation et qu’ils jugent nécessaire de s’occuper de son prochain peu importe sa forme physique. Quand il monte un peu plus au nord du pays, il nous fait découvrir un village très prisé par les touristes. Ce village est habité par les « femmes girafes ». Malgré que les touristes payent pour y rentrer, Patrick Bernard pense, pour sa part, que ce village ressemble plus à un zoo qu’à un lieu touristique. Il souligne son respect et son admiration pour ces femmes qui se donnent en spectacle pour gagner un peu leur vie en revendant leurs artisanats. Il rentre dans leur intimité lorsqu’il nous présente une de ses vieilles amies qu’il a aidé lui-même à se sauver de la Birmanie et dont on peut voir des archives. Ces dernières expliquent grosso modo l’histoire des camps de réfugiés. Pour continuer notre périple, il nous fait découvrir les différentes traditions qui existent pour le Nouvel An autant dans les villages que dans les villes. Il donne aussi un aperçu de la ville bitumineuse qu’est Bangkok.

La deuxième partie de son film est plutôt consacrée aux rites de la possession. La croyance des Thaïlandais envers la possession et la réincarnation fait partie intégrante de leur vie. Ils font des offrandes aux esprits pour établir un équilibre de vie entre les deux mondes. Les seules réincarnations que l’on voit témoignent d’un message à transmettre ou d’un trouble à la vie quotidienne.

Lorsqu’on s’aventure dans les villes, on rencontre des jeunes qui se prostituent pour pouvoir gagner leur vie tant bien que mal avec les moyens du bord. Son équipe et lui décident donc de passer une journée en leur compagnie et ils y découvrent des personnes avec une histoire, des personnalités et une rage de vivre malgré le peu d’opportunités qu’ils ont. Après des confidences déchirantes, il nous fait revenir sur les lieux d’une des plus grandes catastrophes naturelles répertoriées jusqu’à maintenant, le tsunami. Un vague de 25 mètres qui a ravagé une des côtes de la Thaïlande, enlevant la vie à plus de 200 000 personnes. Un moment fort de son film ne laissant pas perplexe son audience surtout quand il rajoute que ces côtes ont été arrachées aux pêcheurs pour y construire des complexes hôteliers.

Le film se conclut avec une civilisation un peu ordinaire. Il s’agit d’hommes et de femmes qui ont vécu pendant des années en harmonie avec la nature sans avoir besoin des technologies et d’un toit fixe. Il existe encore des tribus vivant ce mode de vie et c’est incroyable de voir comme ça leur convient.

La Thaïlande est un pays qui en fait rêver plus d’un surtout depuis que l’on sait qu’un des films de James Bond a été tourné dans ce coin. Il faut toutefois mettre de côté les clichés donnés par les cartes touristiques et apprendre à apprécier et à découvrir les véritables côtés d’une vie en société. Les quelques personnes qui étaient au rendez-vous pour ce voyage magique ont aimé le tout nouveau regard que Patrick Bernard nous proposé. Ailleurs, il existe des sociétés où le téléphone cellulaire n’est pas un besoin nécessaire. Le but de Monsieur Bernard était de nous offrir un voyage chargé en émotion. Après sa présentation sur la chaleureuse Thaïlande, on ne peut que dire mission accomplie!

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