mercredi 24 octobre 2012

Le salaire des hommes politiques remis en question

par Simon Delattre

Après un mandat de député, puis un poste de ministre provincial des Pêches, Denis Losier est aujourd’hui président-directeur général d’Assomption Vie, une compagnie d’assurance basée à Moncton. Il a accepté de nous livrer sa position très tranchée sur la question du salaire des députés.

Le Front (LF) : Vous avez déclaré récemment être en faveur d’une augmentation des salaires des hommes politiques pour attirer des personnes plus compétentes. Pouvez nous expliquer votre point de vue?
DL : Pour gérer et prendre les meilleures décisions possibles, il faut avoir les meilleures compétences autour de soi. Alors quand on doit jouer avec des milliards de dollars qui appartiennent aux payeurs de taxes, on se doit d’avoir en place ces meilleures compétences pour éviter du gaspillage inutile. Je sais que beaucoup ne seront pas d’accord avec moi, mais on ne peut se payer le luxe d’avoir des gens incompétents qui prennent tous les jours des décisions concernant notre avenir. On l’a démontré partout dans le secteur privé et ça devrait être la même chose au gouvernement.
LF : Mais est-ce qu’on peut passer facilement du métier d’homme d’affaires à celui d’homme politique?
DL : Oui, moi je l’ai fait sans problème. On ne va pas demander à des gens qui ont un travail bien rémunéré et qui sont capables d’analyser des situations de sacrifier des sommes très importantes. Si on veut s’assurer que ces gens participent au système politique et qu’on puisse les emprunter au secteur privé, il va falloir être en mesure de payer l’équivalence.
LF : Augmenter les salaires contre l’avis des électeurs ne risque-t-il pas d’accroître encore un peu plus la méfiance de la population à l’égard des politiques?
DL : Écoutez, on a les politiciens qu’on mérite. Alors si la population juge qu’on doit avoir des gens qu’on va payer à des salaires minimes, on en payera le prix à un moment donné. De la même façon, une entreprise ne pourrait pas continuer à payer son PDG si celui-ci faisait des déficits année après année. Beaucoup de corporations fonctionnent très bien parce qu’elles ont renvoyé les gens qui ne faisaient pas leur affaire. Les hommes politiques sont de plus en plus sous la loupe du public, mais ont de moins en moins d’argent pour travailler, ça prend donc des gens qui ont une approche différente.
LF : Mais n’est-il pas problématique d’analyser la politique au travers des valeurs de l’entreprise?
DL : Mais c’est une entreprise le gouvernement, c’est une grosse entreprise. Il doit offrir des services à la population avec des moyens limités. Le gouvernement construit des routes, tout comme le secteur privé construit des routes. C’est peut-être là l’erreur que l’on fait de ne pas vouloir comparer les deux milieux.
LF : Donc pour vous, il faut voir le métier d’homme politique comme un métier comme les autres, qui poursuit un objectif de réussite individuelle et pas d’intérêt général?
DL : La personne qui se lance en politique doit, bien entendu regarder à l’intérêt général des gens; mais il y seulement un payeur de taxe. Si celui-ci donne un dollar au gouvernement pour des services, en retour il veut que ça soit géré de façon efficace. Notre système devrait prendre plus en compte l’idée d’efficacité. Aux États-Unis, les membres du Cabinet du Président ne sont pas élus, on va chercher les meilleures personnes du secteur privé. Le Cabinet est composé de gens qui ont une véritable expertise dans leur domaine.

Aucun commentaire: