mercredi 17 octobre 2012

Chronique « Terre-Neuve surnaturelle » : L’esprit maléfique

par Emily Briand

Les histoires d’évènements surnaturels peuvent être très divertissantes. Il n’est pas nécessaire de croire aux esprits maléfiques pour apprécier le petit frisson qui saisit la base de votre nuque lorsqu’une panne de courant vous surprend en pleine nuit. Chaque semaine, Emily Briand, étudiante en 3e année d’un baccalauréat en science infirmière à l’Université de Moncton, tentera de nous faire vivre l’inexplicable en nous partageant des légendes de l’île de Terre-Neuve qui lui furent racontées par des voisins, des amis et des membres de sa famille.

Jérémie, François et Sylvain étaient des jeunes adolescents qui profitaient pleinement de leurs vacances d’été en faisant des activités réservées au beau temps. Tous les 3 aimaient beaucoup nager, et étaient constamment à la recherche de nouveaux lacs, de chutes d’eau et d’étangs. Comme résultat, ils exploraient beaucoup sur les montagnes qui séparaient leur communauté des autres communautés.

Une des connaissances de Jérémie lui avait parlé d’un étang spécial sur la montagne. Supposément, l’eau y était claire et d’une température agréable. Pour les motiver encore plus, son ami avait décrit le terrain autour de l’étang comme un paysage de conte de fées. Vendu, Jérémie avait rapidement fait des plans avec ses amis pour rendre visite à ce coin caché.

La journée d’exploration n’était pas arrivée assez rapidement; les 3 garçons se sont équipés de collations, boissons, serviettes; tout le nécessaire pour passer plusieurs heures loin de la civilisation. Avant de s’en aller, Jérémie voulait aller voir sa tante. Ceci tombait bien avec le groupe, puisque sa maison était sur leur route
« Ah, vous allez nager sur la montagne? » demandait sa tante.

« Oui, mon ami m’avait dit qu’il y avait un étang spécial, c’est quelques kilomètres d’ici, c’est vraiment beau, il a dit que ça serait parfait pour un gros piquenique ou quelque chose » répondait Jérémie.
« Il ne faut pas que vous alliez là. C’est dangereux! »

Les garçons avaient tenté en vain d’interroger la tante de Jérémie; elle refusait d’en dire davantage sur le sujet. En conséquence, son avertissement sans explication ne les avait pas empêchés de continuer dans leur aventure. De toute façon, elle n’avait aucune manière à savoir s’ils avaient effectivement le même étang en tête. Il y en avait des dizaines sur la montagne!

Ce fut un parcours d’environ une heure avant d’être sûr d’avoir trouvé le bon endroit; les instructions de l'ami de Jérémie n’étaient pas parfaitement claires, mais la source d’eau retrouvée était magnifique; il y avait des oiseaux colorés qui chantaient, un ciel bleu et des fleurs qui tapissaient le gazon.

Jérémie et Sylvain se sont mis à courir pour voir qui allait atteindre l’eau en premier. Cependant, François était resté en arrière.

« François! Viens-t’en! L’eau est bonne! » criait Sylvain.

« Je ne suis pas sûre, la tante à Jérémie avait dit que c’était dangereux, il y a de quoi qui ne va pas icitte… », répondait-il.

« Ben là! Elle voulait sûrement dire un autre étang! Regarde! Y a-t-il de quoi qui semble dangereux? » argumentait Jérémie.

La pression des pairs était assez forte, et François s’était baigné nerveusement avec ses amis. Les gars s’amusaient en s’éclaboussant et en faisant d’autres conneries pour faire rire, et François s’était relaxé.

Du coin de son œil, Jérémie avait remarqué des vagues d’eau, comme ceux qu’on aperçoit lorsqu’on y jette une pierre. En regardant dans la direction de la perturbation, il voyait 30 pieds plus loin que la tête d’un garçon avait émergé de l’eau et regardait dans leur direction. Il semblait avoir 10 ans, son visage était bleu pâle, ses cheveux noirs étaient collés à son visage et il avait des cernes foncés sous ses yeux. Lentement, l’intrus se glissait sous la surface sans cligner les yeux.

Une personne normale aurait eu peur, mais Jérémie avait déjà eu des expériences surnaturelles et croyait que le fantôme allait juste disparaître sous l’eau et ne pas les déranger, mais quelques secondes plus tard, la tête était réapparue à la surface de l’eau… cette fois 10 pieds plus près. Jérémie et Sylvain n’étaient pas plus dérangés que ça, mais François commençait à paniquer. Le garçon continua de disparaître et réapparaître, et il pouvait voir comment la peau de son visage était décomposée.

« Les gars… Je vais sortir, il vient de plus en plus près… », disait François, en se tournant pour sortir de l’eau.

Une seconde après que le petit fantôme eût disparu sous l’eau, François avait lâché un cri de mort et s’était fait tirer violemment sous la surface. Ses bras battaient contre l’eau et des bulles d’air remontaient. L’adrénaline avait envahi Jérémie et Sylvain, qui essayaient avec toute leur force de sauver leur ami.

Petit à petit en luttant contre une force invisible, ils avaient réussi. François toussait et cherchait à reprendre sa respiration. Jérémie et Sylvain avaient découvert une marque de main violacée autour de sa cheville.
« Ça essayait de me tirer au centre de l’étang! » criait-il.

Sans perdre de temps, les 3 ont quitté aussitôt les lieux. Ils sont allés directement voir la tante de Jérémie.
Tous les 3, en se coupant la parole mutuellement racontèrent comment un enfant au visage bleu avait essayé de noyer François.

« Je vous avais dit que c’était dangereux… Des années passées, on faisait un piquenique là, près de cet étang, moi avec ton oncle et des amis. Nos amis avaient un garçon âgé de 10 ans, il était très mignon, mais on l’avait averti de ne pas aller vers le centre de l’étang, il y a un genre de sable mouvant au centre, et un autochtone s’était noyé là auparavant. Mais il n’avait pas écouté, et on n’a pas pu le sauver… On n’a jamais pu sortir son corps, c’était horrible et ses parents avaient quitté la province ».

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