mercredi 17 octobre 2012

Chronique politique : Connaissez-vous... le Parti Pirate ?

par Simon Delattre

Le nom intrigue, fait sourire, mais est surtout très mal compris. Le terme fait écho à des images de violence ou paraît comique, alors que la réalité est tout autre. Il faut avant tout y voir une perspective révolutionnaire, une profonde aspiration à la liberté. En effet, le Parti Pirate du Canada défend principalement la liberté sur le Web et souhaite modifier les droits d’auteur sur la Toile. Le parti a été mis à flot en 2009 et compte aujourd’hui un équipage de 2600 membres. Mais aucun vent médiatique ne porte le mouvement, qui navigue actuellement sur une mer d’huile. Le refus du directeur général des élections de reconnaître l’existence du Parti Pirate du Québec a fait chavirer encore un peu plus les espoirs des dirigeants. C’est en Europe qu’est née la vague; c’est là aussi que les Pirates ont accompli leurs premiers faits d’armes. En 2009, les Suédois ont élu un Pirate pour le lancer à l’abordage du Parlement européen.  Le parti a connu de grands succès en Allemagne, où 15 députés sont rentrés au Parlement de Berlin et où 350 élus municipaux et régionaux siègent désormais dans tout le pays.

Droits du citoyen : transparence, liberté et protection de la vie privé
Du haut de leur vigie, les Pirates surveillent les gouvernements apeurés par le peu de normes encadrant Internet, et par l’infinité des interactions qui y prennent place sans qu’ils puissent les contrôler. Le Parti Pirate du Canada veut améliorer les lois sur la vie privée et limiter l’accès du gouvernement aux informations personnelles des citoyens. Il souhaite également annuler les brevets sur les logiciels informatiques pour permettre aux nouvelles entreprises d’entrer sur le marché sans être poursuivies. Les Pirates ont aussi pour projet de refonder les droits d’auteur afin que les artistes puissent créer plus facilement à partir des précédentes œuvres et pour permettre aux consommateurs de créer des copies personnelles non commerciales légalement, dans le but de rendre la culture accessible. Enfin ils exigent que les données produites par le gouvernement soient disponibles publiquement pour les Canadiens.

Un parti d’avenir
Si l’organisation canadienne de Pirates est aujourd’hui mal en point, elle n’est pas pour autant coulée. Elle véhicule un message en accord avec son temps. Internet est devenu en quelques années un plus vaste réseau d’expression citoyenne où chaque internaute peut être un média. Le Parti Pirate a fait le pari de l’ère numérique et il a l’avenir devant lui. Dans une génération ou deux, il surpassera les partis établis. Son combat est plus actuel que jamais, à l’heure où la publicité ciblée nous envahie à chaque connexion. À l’heure où les États discutent de traités internationaux comme l'ACTA (Accord Commercial Anti-Contrefaçon) qui avait notamment pour but d’établir des infractions aux droits d’auteur sur Internet. À l’heure où plus récemment des citoyens canadiens homosexuels se sont dit choqués d’avoir reçu un courriel ciblé du ministre de l’Immigration vantant « l’accent mis par le gouvernement Conservateur sur la protection des gais et lesbiennes ». Comment le gouvernement obtient-il des informations sur l’orientation sexuelle de la population et est-il en droit de le faire ? Big Brother n’est pas loin, gardons les yeux ouverts !

Aucun commentaire: