mercredi 12 septembre 2012

Regards d'un expatrié : Premiers pas en Acadie

par Simon Delattre

Originaire de Lille dans le Nord de la France et aujourd'hui étudiant en information-communication, Simon nous fait part de ses premières impressions sur la vie à Moncton.

« Tu pars au Nouveau-Brunswick? C’est sur quel continent exactement ?? » Voici la réponse type lorsque j’annonçais autour de moi que quatre siècles après les premiers colons français, je m’apprêtais à mon tour à débarquer en terre inconnue. En effet, il faut savoir que l’histoire de l’Acadie ainsi que son existence même sont très largement ignorées des habitants de l’Hexagone.

Je me lançais donc à la découverte d’une province canadienne, de sa géographie, de sa culture et surtout de sa langue. « Niaiser », « crocher », « texter », « être plate et quétaine », « parquer son char », « mettre un casque de bain », « magasiner », « niaiser », « chérir sa blonde », « barrer une porte », autant d’expressions encore saugrenues pour moi il y a peu… et qui feront bientôt partie de mon vocabulaire courant! D’abord amusé par cet accent et ces tournures de phrases, je commence à comprendre que le « français de France » n’est pas le « bon français », mais qu’au contraire, une même langue peut connaître diverses évolutions et emprunter d’autres voies qui l’enrichissent d’autant plus.

Dès le premier jour, j’entamai l’exploration de mon nouvel environnement armé de mes seules chaussures de sport. Quelques mètres suffirent pour que je constate de frappantes différences avec mon pays natal. J’étais désespérément le seul à arpenter les trottoirs et je compris après quelques heures de marche que la voiture est reine ici. Par contre il est tout à fait possible de traverser sans se faire réduire en bouillie ou détester par un conducteur impatient. Je fus agréablement surpris de l’état d’esprit général qui règne dans la ville; il est aisé d’échanger un sourire et d’obtenir de n’importe qui un conseil ou un coup de main.

L’acclimatation pour un étudiant international peut donc se révéler plutôt facile, pour peu qu’il s’ouvre aux autres et qu’il connaisse les normes propres à ce nouveau milieu. Tenter de faire la bise à la personne que l’on rencontre comme il est d’usage en France peut vous mettre dans une situation inconfortable ; en vous approchant vous risquez au mieux de subir le regard glacé de votre interlocuteur et au pire d’être repoussé sans ménagement. On se rend compte aussi très vite qu’il est peu judicieux d’omettre le pourboire, de faire du bruit après 22 h ou encore de fumer n’importe où.

L’adaptation aux habitudes alimentaires locales sera par contre plus difficile. Les « fast-foods » et les boissons énergisantes semblent avoir pris le pas sur la nourriture gastronomique et saine. Les horaires des repas, 11 h et 17 h, sont également assez déroutants. Mais lorsque la faim et le froid se feront sentir, c’est auprès de chaleureux Canadiens que je trouverai le réconfort.

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