mercredi 19 septembre 2012

Forum citoyen pour l’éducation au Nouveau-Brunswick : 3 conférenciers pour éclairer de nombreux points d’interrogation

par Mathieu Plourde Turcotte

Mathieu Lang, professeur à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université de Moncton, Louise Imbeault, ancienne directrice de Radio-Canada Acadie, et Chloé et Alexandra Zawadzki-Turcotte, co-porte-paroles de la CLASSE, seront les invités du  Groupe de réflexion pour l’éducation au Nouveau-Brunswick, en ce 19 septembre, dès 15 heures dans le local A-119 du pavillon Jeanne-de-Valois. Après la présentation des conférenciers s’en suivra une période de questions et d’échanges arbitrés par Marco Morency.

Ce n’est pas nouveau, année après année Le Front se penche invariablement sur la question des frais de scolarité ou sur celle du financement des universités. Le recteur Raymond Théberge a montré récemment dans l’Acadie Nouvelle son impuissance à pouvoir baisser les frais de scolarité, y allant même d’un « si je pouvais le faire, je le ferais. » Alors, un article de plus ou de moins sur le sujet, qu’est-ce que ça change?...
Après les hausses au Nouveau-Brunswick de 197 $ en 2011 et de 175 $ en 2012, le coût annuel des droits de scolarité est dorénavant de 5292 $. Donc, en plus de ça, voici le pourquoi d’un autre article :

Deux modèles au Canada semblent se dégager pour faire avancer des causes, et tout particulièrement les causes étudiantes. Le premier modèle, observé à Terre-Neuve, en est un qui ne fait pas de bruit et qui est plutôt pragmatique, mais qui a été utilisé surtout par le fait que la province touchait le fond du baril. La deuxième a fait beaucoup de bruit, se faisant baptiser « printemps érable » au passage, et a réussi non sans dégât à avoir une partie de ce qu’il voulait.

Une récente enquête de Statistique-Canada publié le 12 septembre dernier a permis d’émettre plusieurs conclusions d’intérêt. D’abord, la facture moyenne des étudiants canadiens augmenterait trois fois plus rapidement que l’inflation.

Les frais de scolarité ont augmenté dans toutes les provinces à l'exception de Terre-Neuve-et-Labrador où les frais du premier cycle ainsi que du deuxième et du troisième cycle sont gelés depuis 2003-2004. Après l’annulation récente de la hausse du parti québécois, le Québec fait maintenant partie de cette exception aussi.

Terre-Neuve et Labrador, en comptant les frais afférents, seraient l’endroit le moins dispendieux au Canada pour étudier, devançant même le Québec.

Une Province à contre-courant.
Le cas de Terre-Neuve-et-Labrador est tout particulièrement intéressant puisque selon l’avis de Michael Walsh, président de la Fédération canadienne des étudiants et étudiantes section Terre-Neuve, lorsque cité dans Le Devoir : « les gens croient qu’on peut maintenant se payer un tel système parce que l’économie va mieux. Pourtant, le gouvernement a fait ce choix il y a plus de dix ans alors qu’il y avait très peu d’argent dans les coffres. » Dans les années 1990, avec une économie en perte de vitesse, la province connaissait alors un important exode de sa population en même temps que croissaient ses besoins en main-d’œuvre qualifiée. Pour Christopher Dunn, professeur au département de sciences politiques de la Memorial University of Newfoundland, cité encore une fois dans Le Devoir, le gouvernement libéral d’alors n’a eu d’autre choix que de chercher à rendre l’enseignement supérieur plus accessible. Selon lui, ce choix de diminuer les droits de scolarité résulte d’une situation de baisse de démographie.

Les mouvements sociaux ou le modèle québécois.
Les mouvements sociaux et les médias sociaux : un mariage parfait?... Difficile de dissocier les mouvements sociaux qui ont fait parler d’eux récemment et les médias sociaux. La question a donc été posée. Leyla Sall, professeur de sociologie à l’université de Moncton, répond que bien d’autres mouvements sociaux, voire bien d’autres révolutions se sont formés alors que les médias sociaux n’existaient pas. Monsieur Sall ajoute que les médias sociaux ne sont qu’un instrument; le Canada anglais comme le Québec avaient accès aux médias sociaux et regorgeaient de mécontentement en lien avec les frais de scolarité, mais le mouvement social s’est organisé uniquement au Québec.

Le secret des mobilisations au Québec par rapport à ailleurs au Canada, disait Gabriel Nadeau-Dubois alors qu’il était encore porte-parole de la CLASSE, résidait dans les structures très démocratiques des associations étudiantes québécoises qui rendent l’implication attrayante; culture de démocratie plus directe qui, disait-il, n’avait pas percé bon nombre d’associations étudiantes du reste du Canada. Leyly Sall, à propos de la création de mouvements sociaux, explique que pour qu’il y en ait, il faut une culture sociale-démocrate dans la population, il faut qu’il y ait des acquis. « Ces acquis seront toujours plus difficiles à enlever qu’à ajouter. Ici, il y a bien eu Louis Robichaud, mais le mouvement était plus le fruit de quelques individus et beaucoup moins de la population en générale. Grâce aux médias sociaux, les organisateurs peuvent réussir à mobiliser une partie de la population derrière une cause, mais pour que la cause avance, encore faut-il que la cause rejoigne une population unie. » Il poursuit en disant que « tant et aussi longtemps que la majorité des individus vont regarder le problème lié aux frais de scolarité d’un angle individuel, qu’ils vont se dire que l’éducation est un bien individuel et pas collectif, du genre : je veux que MES frais soient baissés, que ça ME coute moins cher; si tu étudies, tu vas en bénéficier; si tu vas en grève, c’est ton problème, etc., les mouvements sociaux resteront à l’état embryonnaire. »

Quelques difficultés pour créer un mouvement social au Nouveau-Brunswick
Monsieur Sall émet des doutes sur la formation de mouvements sociaux forts au Nouveau-Brunswick, parce que, d’abord, Moncton est une ville de passage et pour qu’il y ait un mouvement social, il faut qu’il y ait un nombre de gens qui soient ancrés dans le milieu. Au Nouveau-Brunswick, dit-il, bon nombre d’étudiants sont obligés d’aller étudier à l’extérieur. Ensuite, contrairement au Québec, le Nouveau-Brunswick a très peu d’éléments d’idéologie qui peut parvenir à rassembler la population en un bloc monolithique. La société est tellement sectionnée, et pas seulement entre anglophones et francophones, mais aussi entre les étudiants internationaux et les étudiants canadiens et entre les générations. Toutefois, rien n’est impossible. Nous vivons dans une société complexe et donc imprévisible.

Discuter de gratuité avec un politicien canadien c’est possible
Selon Michael Walsh, la première ministre de Terre-Neuve, Kathy Dunderdale, aurait même dit qu’elle espérait qu’un jour le diplôme serait complètement gratuit. Elle dit aussi vouloir doter 44 millions l’université pour l’embauche et la recherche. Tout cela, malgré un budget déficitaire qui comprend des pertes d’emplois et une dette nette de 7,5 milliards qui se creusera encore d’un milliard en 2013. Tout ça avec une population qui se chiffre, selon le dernier recensement, à 514 536. La population du Nouveau-Brunswick est de 751 171. Bref, sont nombreux les points communs économiques entre le Terre-Neuve du début des années 90, qui n’avait pas encore accès aux redevances pétrolières, et le Nouveau-Brunswick d’aujourd’hui, mais y aller du modèle utilisé par Terre-Neuve-et-Labrador serait une façon de s’en remettre aux bons jugements des politiciens. Y aura-t-il donc un modèle néo-brunswickois? C’est ce que vous saurez en assistant à cette conférence qui selon Kevin Arsenault, porte-parole du mouvement qui l’organise, vise justement à y réfléchir. À ne pas manquer.

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