mercredi 12 septembre 2012

Chronique Sociale : Les stéréotypes de l’Acadie

par Josée Gallant

Qu’est-ce que l’Acadie moderne? En fait, il est difficile d’obtenir une définition claire de ce peuple qui est sans territoire précis et sans marque de distinction quelconque. Doit-on se fier à l’accent? Peut-être au nom de famille ou même aux ancêtres? L’Acadie s’arrête-t-elle réellement aux provinces des maritimes?

Pour la plupart des gens, c’est ainsi qu’ils perçoivent ce peuple un peu laissé à lui-même et habitant les provinces les plus pauvres du Canada. Un peuple qui, d’ailleurs, n’ose jamais trop élever la voix lorsque vient le temps de se défendre et qui demeure toujours un peu à l’écart des autres. Encore près de leurs anciennes traditions, les Acadiens sont souvent reconnus comme des paysans qui habitent des fermes dans de petits villages où les seuls moyens de transport retrouvés sont les vieux camions Ford et les tracteurs, tout simplement. Il y a là un stéréotype duquel ils ont de la difficulté à se détacher. Pourtant, la Terre n’a pas cessé de tourner en Acadie; là aussi on y retrouve l’évolution, la modernisation et l’urbanisation.

Comme dans chaque province ou territoire, les Maritimes sont constituées de régions urbaines et rurales. En effet, si on prend comme exemple le Nouveau-Brunswick, qui est la seule province officiellement bilingue au Canada, elle est habitée, en majorité, par des Anglophones. Pourtant, la présence acadienne et francophone sur ce territoire se fait ressentir. Sur celui-ci, les Acadiens n'habitent pas seulement les régions rurales, mais la situation économique de celles-ci les forcent souvent à faire leur valise et mettre pied dans les grandes villes. Autrefois une ville majoritairement anglaise, la région de Moncton est aujourd’hui très partagée entre les deux langues. Pour ce faire, le peuple francophone a dû se battre afin de se tailler une place dans l’économie moderne et de se sortir de la misère. Plusieurs régions des Maritimes ont été touchées par le même phénomène, dont la province de Terre-Neuve et Labrador, qui est en effet le meilleur exemple depuis la découverte d’une abondance de pétrole et de l’exploitation des mines.

La triste réalité dans ce mouvement vers les régions urbaines se trouve dans le fait que les francophones minoritaires ne devraient pas être dans l’obligation de quitter leurs régions rurales afin d’assurer la survie de leur famille. Ce peuple, comme tous les autres, doit s’adapter au type de vie quotidienne qui devient de plus en plus dispendieux et malheureusement, les petits villages n’offrent pas assez d’emplois ou de revenus pour subvenir à leurs besoins. Afin de s’adapter à ce style de vie, sans nécessairement quitter leur petit coin de pays, plusieurs familles ont plutôt opté pour l’option où l’un des membres quitte la demeure familiale pour de courtes durées afin d’aller travailler dans des camps à l’extérieur de la province, où le train de vie n’est pas luxueux et les horaires frôlent l’esclavage. Ce style de vie affecte non seulement la personne qui se déplace pour travailler, mais cela bouleverse également l’ambiance familiale. Les familles sont désormais élevées de façon monoparentale alors qu’aucun divorce n’a pas été demandé.

Un peu laissés seuls avec leurs problèmes, quitter leur région natale semble être la seule solution qui reste pour les Acadiens. Les gouvernements qui s’endettent de plus en plus ne peuvent se permettre d’investir dans les régions pauvres, qui, pourtant, étaient autrefois remplies d’usines et d’emplois. C’est une triste réalité qui commence à s’installer dans les familles concernées. Par contre, avec la population qui est vieillissante comme partout au pays, une question demeure : qui habitera ces régions lorsque tous les jeunes auront quitté pour faire fortune?

1 commentaire:

Stéphanie a dit...

J'adore cet article! Et je vis présentement dans cette situation où il est souvent nécessaire d'aller travailler au loin pour pouvoir gagner son pain. Nous, moi et mon mari, avons décidé de revenir dans notre région natale afin d'être parmis notre famille et ne sommes aucunement prêts à nous éloigner afin de pouvoir avoir des salaires plus élevés. Notre avis est que le bonheur se trouve auprès des gens qu'on aime et non avec l'argent. Sans toutefois nier qu'une sécurité d'emploi et financière serait plus qu'agréable.