jeudi 5 avril 2012

À quoi sert la manifestation si c’est pour être aussi tranquille?

Exclusivité web par Mathieu Plourde Turcotte

Ce titre c’est l’opinion de Simon Ouellet qui s’est improvisé chef de foule pour se rendre au deuxième étage du pavillon Taillon – refuge des recteurs et vice-recteurs de l’Université – pendant qu’un représentant de la Féecum s’arrangeait pour que personne ne prenne la chance de se salir en poursuivant la manifestation à l’intérieur. Dans cette manifestation du 4 avril 2012, la Féecum ne voulait pas causer de trouble, alors que certains autres manifestants sentaient le besoin de brasser la cage ne serait-ce qu’un peu. En dehors de cette divergence d’opinions sur les moyens à prendre pour se faire entendre, tout le monde était d’accord pour faire savoir au gouvernement que son silence vis-à-vis ces intentions en lien au financement des études post-secondaire était mal reçu par le plus grand nombre de gens possible. Malgré tout, n’eut été de ce petit mouvement de fin de manifestation, le tout se serait déroulé dehors, bien encadré, bien gentil, entre le recteur et la vice-rectrice aux affaires étudiantes et internationales d’un côté, la police à chaque bout de la rue – pour s’assurer que le tout reste gentil propre et sans trop de colère – et Radio-Canada de l’autre, afin de bien gêner les gens comme il faut, face à de quelconque acte – peut-être honteux – d’indignation. Puisqu’il faut bien le dire, la majorité du bruit venant des tambours, les maux de cordes vocales ont certes été monopolisés par un petit groupe d’individu. Et donc visiblement à l’aise face à cette situation pas trop éreintante pour la voix, une foule d’environ deux cents étudiants ont bravé les travaux de fin de session pour venir montrer leur mécontentement. Après l’orchestre de tambour et le porte-voix partagé entre Joelle Martin, présidente de la Féecum, Jean-Marie Nadeau, président de la SANB, et Simon Ouellet éternel manifestant, bien des gens ont filé, bien sage, vers leurs cours.

Quelques différentes réalités étudiantes dans la manifestation?
Une poignée d’étudiants internationaux, d’abord attirés par l’enthousiasme de la foule, prend place anonymement dans celle-ci, pour finalement laisser l’un d’entre eux livrer à micro fermé – gêné par le fait d’être cité – son approbation de cette manifestation. Celui-ci avance que les étudiants internationaux ne sont pas ceux aux Canada qui paient le plus – tout de même 3500$, en frais de scolarité, pour l’année 2011-12 de plus par année que les étudiants Canadiens à l’Université de Moncton – et ne sont donc pas les mieux placés pour parler, mais qu’effectivement de telles agitations sont les bienvenues à Moncton. Lorsque questionné sur leur pouvoir sur le campus, du fait qu’ils sont une source non négligeable de financement de l’université et sur l’impact qu’ils pourraient avoir sur les décisions du gouvernement, celui-ci ne peut s’empêcher de regarder le vide qui l’entoure et de dire avec impuissance qu’il y aurait de quoi être mécontent… de qui? Ça reste à savoir. Pour certains, la partie n’est que remise; pour d’autres, l’heure de la fin de la manifestation n’est pas arrivée que déjà les autres préoccupations les appellent, puisque bien entendu les frais de scolarité se paient d’une certaine manière… Et pour tous les étudiants qui, de vive voix, à l’écart de la manifestation, ne se souciaient guère des revendications étudiantes parce que leurs parents payent, ne reste plus qu’à espérer que leurs parents ne débarqueront pas dans la prochaine manifestation pour revendiquer le droit de ne pas être pris par leur progéniture comme une machine à imprimer des billets; puisqu’au-delà de tout, cette manifestation – c’était ce qui se reflétait sur les affiches – était une manière de ne pas montrer d’indifférence vis-à-vis la manière, peu importe la façon, utilisée pour payer les frais de scolarité.

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