mercredi 28 mars 2012

Lettre au Recteur Yvon Fontaine

Monsieur le recteur Yvon Fontaine,

Nous avons pris connaissance de votre lettre rendue publique le 23 mars 2012, en soirée, en réponse à la nôtre intitulée « Des espaces éducatifs distincts francophones... à défendre... et à préserver » publiée dans le quotidien l’Acadie Nouvelle du 23 mars 2012, et dans l’hebdomadaire L’Étoile du 21 mars 2012. Dans votre lettre, vous nous accusez d' « allégations … non fondées » en égard à une étude ayant trait, entre autres, à la « bilinguisation » de l'Université de Moncton. Puisque vous avez décidé de vous attaquer à notre intégrité professionnelle, nous croyons important de rétablir les faits et de vous demander des excuses pour vos propos plus qu'inappropriés.

À titre de recteur, vous devriez connaître l’importance pour les universitaires de poser des questions et de défendre des principes sans que leur intégrité professionnelle ne soit attaquée (surtout pas par la direction de leur université), à moins d’un réel dérapage.

Compte tenu du procès-verbal du Conseil des gouverneurs du 17 septembre 2011 et des commentaires faits aux médias par la directrice des communications de l'Université, toute personne raisonnable ne peut que déduire que l'étude en cause va, entre autres, étudier une forme ou une autre de « bilinguisation » d'une institution acadienne vitale

D'une part, le procès-verbal nous indique qu'une étude est entreprise pour jeter « un regard sur des pistes de solution que l’Université de Moncton pourrait envisager pour faire face au déclin démographique », et ce, à la suite des commentaires suivants. Tout d'abord, un gouverneur demande si l’institution « considère le développement de programmes bilingues pour assurer sa pérennité ». De plus, on y souligne erronément qu’il « y a 20 ans, l’Université d’Ottawa comptait 6 000 étudiantes et étudiants. Depuis qu’elle est devenue bilingue, on compte 35 000 étudiantes et étudiants. Ceci mérite réflexion. » Dans un autre point du procès-verbal, on ajoute que « l’Université McGill offre un modèle intéressant pour les étudiantes et les étudiants francophones qui souhaitent s’inscrire aux programmes offerts en anglais seulement. Elles et ils sont capables d’écrire leurs travaux et leurs examens en français même si l’Université est anglophone. »

Devant pareils énoncés, comment ne pas comprendre que l'étude en cause va aborder la « bilinguisation » de l'Université de Moncton, d'autant que : 1. personne à la table dirigeante d’un fleuron de la communauté acadienne ne semble s’être objectée à l'idée; 2. ce procès-verbal a été adopté par la suite par les membres du Conseil des gouverneurs qui auraient alors pu rectifier le tir; 3. la directrice des communications de l'institution, qui était présente à la réunion, a confirmé aux médias jeudi dernier que « ça, ce sont des choses qu'il faudra qu'elles soient examinées par les gens qui vont faire l'étude ».

Dans un tel contexte, comment pouvez-vous parler d'allégations non fondées? À moins que vous puissiez démontrer un dérapage dans nos propos, nous n’arrivons pas à comprendre les motifs qui justifient votre attaque personnelle. Nous aurions été heureux d'être simplement rassurés et d'apprendre que nos craintes sont non fondées, mais de là à dire qu’elles sont des allégations non fondées, il y a un monde.

Il aurait été tellement plus facile pour vous de reconnaître qu’il pouvait y avoir source de confusion dans le procès-verbal et les commentaires de la directrice des communications, tout en vous engageant à apporter les modifications qui s’imposent ou à donner les éclaircissements nécessaires. Au lieu, vous avez choisi de ternir la réputation de deux professeurs de votre université, sans aucune raison valable. Votre tentative de détourner le débat confirme encore le bien fondé des craintes que nous avons exprimées dans notre lettre.

En cela, nous vous invitons, M. le Recteur, à relire notre lettre et à nous indiquer quels passages de celle-ci sont sans fondement. Vous constaterez que dans cette lettre, nous ne faisons que citer les propos rapportés dans le procès-verbal de la réunion du Conseil des gouverneurs de septembre 2011. Afin de vous rafraîchir la mémoire, nous joignons l’adresse électronique de ce procès-verbal: (https://cmcourriel.umoncton.ca/owa/redir.aspx?C=a56e1360d4c5439fa48b697dfbef1f9a&URL=http%3a%2f%2fwww.umoncton.ca%2fenbref%2ffiles%2fenbref%2fwf%2fwf%2fpdf%2fcg_proces_verbeaux%2f2011%2fCGV_111017.pdf). Nous n’avons pas à vous rappeler, nous l’espérons, que les procès-verbaux du Conseil des gouverneurs sont des textes d’archives et qu’il est important de les corriger s’ils sont erronés, incomplets ou s’ils ne représentent pas la discussion qui a eu lieu

Nous vous invitons également à écouter le reportage de Radio Canada Acadie sur le sujet diffusé le 22 mars 2012 et de porter une attention particulière aux propos de votre directrice des communications qui confirme clairement que la « bilinguisation » est à l'étude

Monsieur le Recteur, sachez que la qualité première d’un bon leader, c’est de reconnaître ses erreurs. Nous vous demandons donc de retirer publiquement vos propos à notre endroit et, à l’avenir, d’éviter d’attaquer les personnes et de maintenir le débat au niveau des idées.

Michel Doucet
Serge Rousselle
Professeurs titulaires, Université de Moncton

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