mercredi 15 février 2012

L’université ne consulte plus ses médecins avant de passer sous le bistouri

par Mathieu Plourde Turcotte

Le centre de formation médicale du Nouveau-Brunswick (CFMNB), qui est grosso modo la faculté de médecine de l’Université de Sherbrooke campus de Moncton, a été mis de côté dans le dossier de la possible mise en place d’un laboratoire biomédical et dans la décision sur l’emplacement de la future clinique de dépistage du cancer du sein. Aurel Schofield, visiblement irrité de la situation, dit avoir appris les nouvelles en même temps que tout le monde. Le plus désagréable, dit-il, a été lorsqu’il a entendu dire de la voix du recteur que tous les partenaires avaient été consultés, alors qu’il ne l’avait pas été pour quoi que ce soit et qu’à vrai dire, la question de la recherche les concernant avait été mise de côté depuis un bon moment. À se demander si la faculté est encore partenaire de l’université. Chaque année depuis trois ans, la faculté met 375 000 $ de côté pour développer un centre de recherche, sans que toutefois rien ne soit encore entamé.

Évidemment, la question d’une compétition entre la recherche clinique et la recherche fondamentale revient en point de mire mais, affirme le docteur Schofield, il y a de la place pour les deux. Il n’y a donc pas de raison pour que les deux types de recherche s’affrontent. À ses yeux, l’idéal serait plutôt que les deux types de chercheurs cohabitent dans un seul édifice avec en prime un partenariat entre les deux. La volonté en termes de recherche du CFMNB est de développer la recherche appliquée en fonction de la population locale. Elle se base beaucoup sur le modèle de recherche que Mayo Clinic applique depuis bon nombre d’années et qui pourrait se traduire par : les besoins du patient passent avant tout.

En somme, le docteur Schofield croyait qu’avec la table de concertation, qui a eu lieu il y a trois ans et qui unissait le département de médecine de l’Université de Sherbrooke, l’Institut atlantique de recherche sur le cancer, le Réseau de santé Vitalité, le CFMNB et l’Université de Moncton, il y avait possibilité d’aller de l’avant. Surtout que les partenaires semblaient s’entendre sur le fait que tous allaient contribuer à l’avancement du centre de recherche, précise Aurel Schofield. Cela n’est pas tout à fait le point de vue de Marc Surette, détenteur de la chaire de recherche en métabolisme cellulaire des lipides, et aussi professeur en chimie et en biochimie à l’Université de Moncton qui, sans vouloir totalement écarter le CFMNB du processus, a affirmé : « Sur le point spécifique du document d’intention concernant le centre de recherche, ce qui est un dossier totalement différent de celui sur le centre du sein, les partenaires étaient l’Université de Moncton, le Réseau de santé Vitalité, et le Centre atlantique de la recherche sur le cancer. »

Pour amplifier le nébuleux de la situation, Aurel Schofield admet avoir reçu une lettre d’appui, à la même époque que la table de concertation avait été créée, du recteur Yvon Fontaine en personne. Dans l’entrevue qu’Yvon Fontaine a donnée au Téléjournal le 2 février passé, il avait même fait une allusion voulant que la recherche clinique prenne de plus en plus de place au sein de la recherche universitaire. En attendant la réponse du gouvernement, la chicane n’est pas encore prise entre les chercheurs ou même entre les types de chercheurs; ils restent somme toute sur la même longueur d’onde à bien des égards. Mais il reste que le centre de formation médicale n’a pas été impliqué ou consulté pour aucune démarche, « ce qui fait penser qu’on nous a joués dans le dos », affirme Aurel Schofield.

Pour sa part, monsieur Surette affirme que le CFMNB aurait été consulté, dans le cas des laboratoires, une fois le projet accepté. « Difficile d’y croire, car si le CFMNB est un partenaire – point sur lequel je commence à avoir des doutes –, il aurait été la moindre des choses d’en être informé bien avant tout le monde », réplique Aurel Schofield.

Reste à savoir s’il s’agit d’un affrontement entre deux écoles de pensées – celle fondamentale et celle appliquée – ou d’une division causée par une stratégie de communication déficiente de l’Université de Moncton. Quoi qu'il en soit, le flou reste palpable et il semblerait que l’université laisse entre les mains du gouvernement le sort des clarifications. Est-ce que l’opération à cœur ouvert, sans l’aide des médecins, sera un succès?...

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