jeudi 19 janvier 2012

Yvon Fontaine à ses derniers mois comme recteur

par Mathieu Plourde Turcotte

Le recteur de l’Université de Moncton Yvon Fontaine quittera son poste en juin prochain, après deux mandats complets et un autre supplémentaire de deux ans. Il laissera sa place, en faisant abstraction des recteurs par intérim, au 8e recteur(trice) de l’histoire de l’université à enfiler ce que Maurice Basque – directeur de l’Institut de recherche Acadienne et historien de formation – décrit comme d’énormes souliers à chausser. Surtout, rajoute-t-il, compte tenu du fait qu’il faut avoir des yeux tout le tour de la tête pour garder le cap. Le candidat sera nommé officiellement en avril et arrivera en poste au mois de juillet.

À son arrivée en juillet, le nouveau ou la nouvelle recteur/rectrice se verra offrir un poste qui, selon Monsieur Fontaine, n’a pas véritablement de tradition d’une passation accompagnée du pouvoir. Lorsqu’il est lui-même entré en poste en juillet 2000, Monsieur Fontaine avait, de par son poste de vice-recteur à l’enseignement et à la recherche, déjà une bonne idée de la charge de travail qui l’attendait. Mais, il ajoute : « En somme, une personne ne provenant pas du milieu plonge dans les responsabilités sans aide dès le premier jour. Contrairement, à certaines universités françaises où le recteur arrive avec son équipe toute faite tel le président de la République, le ou la prochain(e) recteur/rectrice devra composer avec une nouvelle équipe qui ne lui sera certes pas familière. » Maurice Basque explique, pour sa part, ne pas voir de véritable tendance dans les manières de gérer l’université au courant de l’histoire, chacun y allant de sa personnalité, souvent bien distincte l’une de l’autre, si ce n’est de l’adaptation à l’époque à laquelle ils ont appartenu. Preuve qu’il n’y aurait pas de recette pour devenir recteur, Yvon Fontaine dit ne jamais véritablement avoir eu de plan de carrière. Son cheminement s’est toujours dessiné par des opportunités qu’il avoue ne jamais avoir prévues. D’abord, vice-doyen à la faculté de droit. Ensuite, étant sur le comité de sélection lors du changement de doyen de la faculté, il regarde le train passer ; toutefois, en raison d’un désistement de celui qui était fortement pressenti au poste – il se fait offrir le poste de doyen de la faculté. Il accepte, car il sentait le besoin de s’investir dans cette situation qu’il décrit comme de l’instabilité dans la faculté de l’époque. Ensuite, malgré un passage intermédiaire de deux ans dans la sphère privée à titre de vice-président de l’institution financière Assomption Vie, qui l’avait obligé à démissionner, à l’époque, de son poste d’enseignant à l’université, Yvon Fontaine aura fini par devenir vice-recteur à l’enseignement et à la recherche en 1997 : mandat de quatre ans qu’il n’a pas fini, se sentant prêt, de par son expérience professionnelle et sa maturité, à devenir recteur. Il a succédé à Jean-Bernard Robichaud. Se défendant d’être carriériste, il regarde vers certaines connaissances de Toronto – endroit où il a étudié – et admet que s’il avait agi par pure volonté de se voir à des postes de haut prestige, il ne serait peut-être pas à Moncton présentement. Il rappelle ainsi au passage qu’un poste de recteur n’est pas acquis à l’avance pour qui veut l´avoir.

Ce qu’il lui reste à faire...
Les défis de son dernier semestre à titre de recteur seront de s’adapter à la précarité financière qui se présente à la province pour le dépôt du budget provincial au mois de mars. Monsieur Fontaine parle aussi du renouvellement de l’entente avec l’Université de Sherbrooke concernant la faculté de médecine comme une importante préoccupation lors de la fin de son mandat.

Pourquoi 12 ans ?
Le mandat normal d’un recteur est d’une durée de 5 ans, mais celui d’Yvon Fontaine a duré 12 ans. Pourquoi ? Parce que, ne voulant pas se présenter pour un autre mandat complet et se faisant demander pour rester comme recteur le temps d’éviter de nouvelles réformes qui recommandaient de remplacer les écoles du nord de la province en polytechnique, une nouvelle consultation s’était mise en branle pour lui permettre exceptionnellement de faire un mandat supplémentaire de 2 ans.

Les commentaires sur le recteur et sur ce qui est souhaité comme remplaçant
« Somme toute, un bon recteur, » admet, non sans hésitation, Gislain Leblanc, président de la FEECUM. « Malgré nos divergences, il y avait toujours moyen de discuter avec quelqu’un de professionnel. » « Pour l’avenir, un candidat qui est ouvert aux changements et qui est capable de faire face au défi de ce qui s’en vient est à souhaiter. »

Maurice Basque dit d’un recteur qu’il doit, malgré les divergences, donner l’impression d’être le chef en public. « C’est ce qu’est Yvon Fontaine sur le campus de l’université. » Monsieur Basque rajoute que la compréhension du fait minoritaire est primordiale pour chaque recteur de l’Université de Moncton.

Le vice-président académique Justin Guitard, aussi l’étudiant sur le conseil consultatif pour la sélection, dit, sans pouvoir rien révéler sur le processus de sélection de l’université en raison du fait que chaque personne présente sur le conseil consultatif ait signé une entente à ce sujet : « Sans rire, les candidats sont vraiment tous les deux de très bonnes candidatures. Ils ont tous les deux des curriculums très impressionnants. » Lorsque questionné sur le fait que tout comme dans l’affaire du vice-rectorat le conseil consultatif pourrait ne pas être écouté, Monsieur Guitard avoue que cela est parfaitement possible, mais n’est vraiment pas souhaitable puisque ça fait pratiquement 2 ans que le conseil se penche sur l’étude du dossier. Bref, « ce serait un affront au processus de sélection », lance calmement Justin Guitard.

Monsieur Fontaine a confiance de voir son successeur, peu importe qui il est, diriger l’université de manière à ce qu’elle s’ouvre sur le monde comme elle se doit de le faire à l’avenir. Le défi pour le prochain recteur sera aussi de maintenir la population étudiante au même niveau. Un maintien qu’il se dit satisfait d’avoir accompli, compte tenu des pronostics qui, à ses débuts comme recteur, annonçaient une forte baisse.

Monsieur Fontaine souhaite au prochain recteur d’avoir autant de plaisir qu’il en a eu à exercer cette fonction. N’ayant visiblement pas l’âge de la retraite, Yvon Fontaine se consacrera après son mandat à l’agence universitaire de la francophonie ainsi qu’à d’autres projets auxquels il songe, mais dont il n’a pas voulu révéler le contenu.

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