jeudi 19 janvier 2012

38 étudiants accusés de plagiat - L’administration contourne le règlement universitaire sur des doutes

par Anthony Doiron

38 étudiants sur 49 se sont retrouvés accusés de plagiat lors d’une évaluation la session dernière dans un cours de science infirmière à l’Université de Moncton.

Selon la procédure décrite dans le règlement universitaire, dépôts de plaintes formelles et comités d’appel auraient dû s’en suivre afin de déterminer si oui ou non ces étudiants étaient véritablement coupables de ce dont on les accusait, mais rien de cela n’a été fait.

Prise au dépourvu devant cette situation, l’administration de la Faculté des sciences de la santé et des services communautaires (FSSSC) a plutôt choisi d’aller de l’avant avec l’annulation de l’évaluation en question, modifiant de ce fait la pondération inscrite au plan de cours (syllabus). Or, le règlement universitaire stipule très clairement que la lettre finale d’un cours est déterminée à partir de l’ensemble des notes obtenues à chacune des épreuves telles qu’indiquées dans le sommaire remis au début du cours (règlement 8.6.1). L’administration a-t-elle délibérément le droit de modifier les règles du jeu lorsqu’elle seule juge qu’il en est plus avantageux pour tout le monde ?

Selon M. Paul Émile Bourque, doyen de la FSSSC, cette décision était justifiée : « Lorsque j’ai pris connaissance de ce dénouement, je me suis immédiatement questionné sur la pertinence de cette évaluation, à savoir si elle permettait d’évaluer la pleine compétence des étudiants et étudiantes. Cette évaluation-là était la même que celle de l’année précédente, et donnait donc place à un haut risque de plagiat », dit-il. « Selon la professeure, certains étudiants du cours se seraient simplement approprié les travaux des étudiants de l’année précédente. Toujours selon le rapport de la professeure, le plagiat s’étendait de quelques mots à quelques pages, selon le cas. En décidant d’annuler l’évaluation, l’idée était surtout de ne pas pénaliser les étudiants qui auraient voulu se diriger vers la maîtrise. »

Il est important de mentionner ici que l’obtention de la note « B » au minimum dans le cours Bases théoriques du soin est un prérequis à l’admission en maîtrise en Science infirmière.

« Si nous avions été de l’avant avec l’application du règlement, pouvez-vous imaginer le montant des ressources financières et administratives que la formation de 38 comités d’appel aurait exigé ? Nous en aurions eu pour des mois », rajoute M. Bourque.

Cet incident soulève une question importante en créant un précédent : est-ce que les étudiants peuvent simplement s’acquitter d’une évaluation en trichant massivement ?

Justin Guitard, vice-président académique de la FÉÉCUM, déduit que oui : « Si l’on se fie à ce qui s’est passé dans ce cas-ci, oui. Toutefois, ces étudiants risquent que le professeur aille de l’avant avec la procédure normale ».

M. Guitard précise que la décision de l’administration n’a pas fait que des heureux au sein des étudiants concernés : « Quelques étudiants nous ont formulé des plaintes concernant le changement de pondération au syllabus ». En effet, ce changement a pénalisé ceux et celles qui auraient obtenu une excellente note lors de l’évaluation. « La FÉÉCUM reconnait que les plus grandes victimes dans toute cette histoire sont les gens qui n’ont même pas été accusés de plagiat et qui ont vu leur note baisser à cause de ça », dit-il. « Nous sommes dans une situation difficile où, peu importe la décision qui va être prise, ce sera injuste pour quelqu’un. Nous représentons les étudiants, autant ceux qui n’ont pas fait de plagiat que ceux qui en auraient vraiment fait. Je crois véritablement que la faculté a fait ce choix en voulant aider les étudiants, malgré que cela ait nui à certains. Nous prévoyons rencontrer les étudiants de cette classe-là moi et Ghislain afin de tâter le terrain à savoir jusqu’à quel point ils veulent pousser les négociations. »

Nicholas Enslow, étudiant en Science infirmière, faisait partie du groupe d’étudiants suivant ce cours. « J’ai trouvé que cette histoire était un désastre et que ce n’était vraiment pas professionnel », dit-il. « On a décidé de nous confronter avec ça pendant la période d’examens ; on était tous déjà stressés d’avance. Pour ma part, j’aurais vraiment préféré que l’on nous consulte avant d’effectuer ces changements ; c’est nous les principaux concernés. J’espère qu’une situation comme celle-là ne se reproduira plus jamais. »

Une modification au règlement universitaire visant à prévoir un tel cas devra maintenant être instaurée. Comment choisira-t-on de contourner cette nouvelle règle ?

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