mercredi 5 octobre 2011

Le Old Cosmo brûle des ponts

par Rémi Frenette et Anthony Doiron

Durant l’année 2010-2011, le bar Old Cosmo, sur la rue Main à Moncton, était l’hôte par excellence de la grande majorité des activités étudiantes de l’Université. En accueillant le Party bourse, le Jammer du Campus, le Party Halloween et le Party Final, le Old Cosmo avait visiblement monopolisé la scène des activités étudiantes.

Cette année, par contre, on s’aperçoit que les choses ont plutôt tendance à se passer au iRock. Le Party bourse (Administration), le Sport party (Kinésiologie et Récréologie) et le Party d'Halloween (Arts) ont tous lieu au iRock et rien ne laisse envisager pour l’instant que les choses vont changer.

Sous la surface en apparence banale de cette transition mijote tout un amalgame de conflits de commandites et de virulents affrontements entre certains élus des conseils étudiants et le propriétaire du Old Cosmo, Jeff Gallant.

Le nœud du problème implique surtout le conseil étudiant de la Faculté d’Administration (raccourci à « conseil d’Admin » pour le présent article) et tourne autour de la question des commandites de compagnies d’alcool. En effet, cette année, le conseil a abandonné Moosehead, partenaire officiel du Old Cosmo, pour faire affaire avec la compagnie Labatt, affiliée au iRock.

Comme l’explique Rémi Gaudet, président du conseil d’Admin, « les commandites de bière donnent à peu près $10 000 et ça couvre notre banquet, les Jeux du commerce et plein d’activités qu’on fait au courant de l’année. Moosehead n’a pas permis de faire la même offre que l’année passée, donc je ne pouvais pas dire oui à ça. J’ai trouvé un autre commanditaire qui était Labatt. Labatt a couvert tous ces angles-là. »

Pour simplifier, ce fut le transfert Moosehead–Labatt qui entraîna la transition Cosmo–IRock.
C’est ici que ça commence à chauffer. Gaudet a contacté Gallant par téléphone près de deux semaines avant le Party bourse du 15 septembre. Il lui annonçait que sa Faculté ne pourrait plus organiser d’activités au Old Cosmo dû au conflit entre leurs commanditaires d’alcool. En apprenant cette nouvelle, le propriétaire a banni indéfiniment les sept membres du conseil d’Admin de son établissement et a promis de tout faire pour nuire au succès de leurs soirées organisées au iRock.

Gallant ne bluffait pas. Pier-Luc Brousseau, VP externe du conseil d’Admin, rappelle que « Jeff a sorti son party bourse en même temps que le nôtre. »

Le président du conseil affirme avoir suggéré à Gallant d’y penser deux fois avant de bannir les activités et les élus de sa Faculté. Dans une conversation qui s’est terminée en injures d’un bord et de l’autre, il a rappelé au propriétaire que les ententes de commandites se renouvellent chaque année et que des possibilités de partenariat pourraient survenir dès l’an prochain. Gallant a maintenu sa position : les membres du conseil d’Admin sont bannis à vie du Old Cosmo.

Le Front s’est aussi intéressé à la double position de Marco LeBlanc, d’une part en tant que VP des relations publiques au sein du conseil d’Admin, d’autre part comme promoteur du bar iRock : « Jusqu’à deux semaines avant le Party bourse au iRock, ça se passait au Cosmo puis j’étais d’accord avec cela. J’ai même attendu qu’on me demande l’offre pour le iRock avant de la donner. Aucunement n’ai-je fait de pressions pour qu’on aille au iRock pour le party bourse », explique LeBlanc.

Son président confirme : « J’ai mis ça au clair avec Marco bien avant toute cette histoire : “Si ça vient au point où il y a conflit d’intérêts, il faudra que tu fasses une décision [entre être représentant étudiant ou membre du conseil d’Admin].” »

D’après les deux élus, il n’y a jusqu’à présent pas de problème de conflit d’intérêts dans ce dossier.

Le conseil d’Admin n’est toutefois pas le seul affecté par cette polémique.

Myriam Thériault, présidente du conseil de nutrition, a fait part au Front de cet entretien qu’elle a eu avec Jeff Gallant pour l’organisation du Party rétro: « Jeff nous a dit que si on ne choisissait pas le Old Cosmo, qu'il [Jeff] ferait le même party la même soirée avec entrée gratuite. Il a dit qu'il ferait ça avec tous les partys étudiants qui ne se passeraient pas au Old Cosmo. »

Le Party rétro aura finalement lieu au iRock le 20 octobre prochain.

Le Front a tenté de communiquer avec Jeff Gallant pour l’écriture de cet article, mais en vain. Andréanne Roy, représentante étudiante du Old Cosmo, fut assignée de s’entretenir avec Le Front à ce sujet.« Bref, Jeff ne l’a pas bien pris puisqu’il s’est senti manipulé. », dit-elle, « Il était fâché et avec raison. » Elle explique que le Old Cosmo s’est retrouvé tel un pion sur l’échiquier du conseil d’Admin et du iRock.

« Sa réaction fut sans aucun doute la raison que Rémi [Gaudet] cherchait pour simplifier son choix de changer de club. Quelle entreprise aime recevoir 2-3 semaines d’avis avant que l’on change à leur compétiteur? Surtout lorsque le Party [bourse] comme tel avait été décidé avant l’été sous contrat verbal.

« Le iRock et le Old Cosmo se sont fait des promesses. Une de ces promesses était de ne pas voler les employés de l’autre. Depuis cet été, le iRock a approché nos “bouncers”, nos “coatcheck girls”, un “manager” et a réussi à avoir notre DJ des soirées étudiantes [DJ Oli]. Alors, enfin, le Old Cosmo joue la “game” pendant que d’autres brisent leurs promesses ».

Lorsque questionnée à l’endroit des propos tenus de M. Gallant envers le conseil d’Admin (le bannissement des élus) et de nutrition (d’organiser de plus gros partys le même jour que ceux des étudiants ne prenants pas place au Old Cosmo), Mme. Roy a corroboré tout ce qui a été dit en justifiant que « c’est comme ça que ça fonctionne dans le monde des affaires ».

Une attitude qui dérange
Pour Rémi Gaudet, l’attitude du propriétaire du Old Cosmo envers les étudiants est un problème sérieux, « pas en raison de beer rep ou de rep de club, mais en raison de protection pour les étudiants ». Ce dossier devrait selon lui susciter une forme de solidarité entre les conseils et les étudiants de l’Université :

« Je pense que comme étudiants de l’Université de Moncton, on devrait agir ensemble et essayer de le combattre pour vraiment lui montrer qu’on est sérieux. Ce n’est pas vrai qu’il va juste manipuler d’autres Facultés. Si on peut tous s’unir, on va faire ça ensemble et ne plus aller là. »

En effet, dans la mêlée d’échanges tumultueux, notamment dans le cadre de conversations sur certains médias sociaux, des menaces physiques ont été proliférées à l’endroit de certains étudiants. Afin de ne pas mettre en danger la sécurité de ces individus, Le Front s’est engagé à ne pas spécifier la nature des menaces ni l’identité desdites personnes concernées.

3 commentaires:

La revanche de la Peticodiac a dit...

La joke la dedans, c'est que tout l'argent dépensé par ces conseils auraient pu finir dans nos poches (aux étudiants) si on avait un bar sur campus. Mais non, plutôt faire profiter (de manières fort douteuses) les p'tits capitalistes locaux avec leurs liens louches dans nos propres conseils...

Marilyn a dit...

Tout-à-fait daccord. Rouvrez l'osmose, on est la seule université canadienne à pas avoir de bar universitaire. On manifeste contre les 99% pi on planifie nos soirées étudiantes pour mettre de l'argent dans leurs poches au lieu de l'investir pour nous. C'est juste n'importe quoi!

Communications Féécum a dit...

Pour être juste, je crois que les propriétaires de club à Moncton sont aussi dans le 99% (et on manifeste contre le 1%, non?).