mercredi 12 octobre 2011

La FEECUM explique ses 7 recommandations

par Rémi Frenette

Le Front s’est entretenu avec le président de la FEECUM, Ghislain LeBlanc, afin de mieux comprendre les problématiques cernées par les sept recommandations de la FEECUM. Ces propositions, développées « suite à plusieurs rencontres avec le Ministère de l’Éducation postsecondaire, de la Formation et du Travail », s’adressent au gouvernement Alward afin d’orienter des terrains d’entente entre le budget provincial alloué aux universités et les besoins financiers de celles-ci.

Le premier point concerne le « programme de prestation du NB pour l’achèvement des études dans le délai prévu ». Ce programme définit plusieurs critères selon lesquels les étudiants endettés peuvent plafonner leur taux d’entement jusqu’à $26 000. LeBlanc qualifie ce programme de ridicule : « Il y a une relation directe entre la durée des études et le niveau d’endettement. Si tu prends quatre ans et demi pour finir un baccalauréat de quatre ans, tu n’es aucunement éligible. Donc le programme discrimine les personnes ciblées. » De plus, rajoute-t-il, « on n’est pas éligible si on postule plus de sept mois après le terme du baccalauréat. » De tels critères doivent être révisés, selon le président de la FEECUM.

La seconde recommandation concerne l’entente pluriannuelle entre les universités de la province et le gouvernement Alward, entente qui définira le financement des universités provinciales pour les prochains quatre ans – et, par extension, elle déterminera les hausses de frais de scolarité. Les négociations débuteront dès novembre. Ghislain rappelle que si le gouvernement provincial est prêt à couper dans les domaines de la santé et de l’éducation primaire et secondaire, ce qu’il qualifie de « vaches sacrées auxquelles tu ne touches pas habituellement dans les coupures budgétaires », les étudiants universitaires peuvent s’attendre au pire. La FEECUM croit que le gel des frais de scolarité n’est présentement pas une option pour le gouvernement actuel. Comme solution, la Fédération propose une augmentation qui suivrait le taux d’inflation de la province.

En troisième lieu, c’est sur la contribution parentale au financement des études universitaires que se penchent les membres de la FEECUM. Réinstaurée dans le calcul des prêts par le gouvernement Alward, la contribution parentale fait en sorte que plus les parents ont un revenu élevé, moins l’étudiant reçoit un prêt substantiel. Ghislain LeBlanc est critique : « Le gouvernement dit que c’est la responsabilité du parent [de couvrir les coûts des études], et parfois le parent dit que c’est la responsabilité de l’étudiant. À la fin de la journée, c’est l’étudiant qui est pris en otage dans tout ça. On le met dans une situation où il n’a pas le contrôle mais où c’est lui qui va finir par payer. » Pour Joëlle Martin, v.-p. exécutive de la FEECUM, « ce n’est pas acceptable qu’on réintroduise la contribution parentale quand les étudiants sont indépendants, ne vivent plus chez leurs parents. »

Le quatrième point concerne le programme de rabais sur les frais de scolarité, ou « Tuition Cash Back Credit Act ». Il s’agit d’un programme pour inciter les étudiants à demeurer dans la province en leur offrant la possibilité d’aller chercher jusqu’à $20 000 de leurs frais de scolarité en crédits d’impôt. Selon Ghislain LeBlanc, « dans un climat où l’on parle de budget limité, il faut que chaque sous soit utilisé de la façon la plus efficace possible et ici, ce n’est pas le cas. » En effet, le président rapporte que « le gouvernement y a mis 12 millions de dollars l’année dernière. Pour faire la comparaison, ils ont mis à peu près entre 6 à 7 millions dans le programme d’achèvement des études dans les délais prescrits. Pourtant, on n’a aucune preuve que ce programme de “Tuition Cash Back Credit Act’’ en vaille la peine. » Il s’agirait donc d’évaluer l’efficacité du programme afin de canaliser les dépenses vers des secteurs qui démontrent une plus grande efficacité en termes d’aide aux étudiants endettés.

Le cinquième point adresse le montant maximum de prêt alloué aux étudiants universitaires. LeBlanc s’explique : « Le montant de prêt maximum, cette année, est le même que l’année dernière. Mais l’inflation augmente, et les frais de scolarités ont augmenté de $200. Ça, c’est un gros problème. Il n’y a aucun processus périodique qui révise le montant maximum alloué aux étudiants chaque année. » La recommandation exige donc que « le montant maximum […] soit augmenté pour répondre au coût réel d’une année universitaire. »

La sixième recommandation exige que la contribution étudiante soit « fixée à $700 par année universitaire, ce qui faciliterait le calcul du prêt et éliminerait le processus de la confirmation des revenus. » En lien avec les recommandations deux et cinq, le président de la FEECUM précise qu’il s’agit aussi de « mettre à jour les chiffres sur lesquels on se base pour attribuer le montant des prêts étudiants. » Il explique que plus l’allocation de subsistance (logement, transport, nourriture, etc.) d’un étudiant est élevée, plus le prêt devrait l’être également. Le problème, selon LeBlanc, c’est que le gouvernement estime ces coûts d’après l’indice des prix à la consommation (IPC) générale au lieu de prendre en considération les IPC particuliers. Le calcul qui en résulte ne tiendrait donc pas compte de l’inflation réelle qui varie d’un secteur économique à un autre et avec le temps. En plus, comme le souligne LeBlanc, « plusieurs de ces chiffres n’ont pas été mis à jour depuis 1998. » Selon lui, le calcul du coût de la vie étudiante est déconnecté de l’évolution de la réalité économique.

Comme septième et dernier point de recommandation, l’objectif est plus générique et vise à ce que le gouvernement de la province « mette en place un mécanisme d’évaluation pour tous les programmes qui touchent les étudiant.e.s et les diplômé.e.s et que ces évaluations soient faites de façon régulière et transparente. » Le président de la FEECUM souligne que « souvent, des programmes sont mis en place et on n’a aucune idée s’ils atteignent les objectifs ou pas. » Le « Tuition Cash Back Credit Act » et les chiffres utilisés pour calculer l’allocation de subsistance en sont des exemples. Cette recommandation obligerait donc le gouvernement à réviser ses programmes qui affectent le financement des études universitaires et de faire preuve de transparence dans ses choix et ses justifications.

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