mercredi 21 septembre 2011

Surdose fatale d’alcool : la fête tourne au drame à Acadia

par Rémi Frenette

Le 5 septembre dernier, un jeune albertain âgé de 19 ans célébrait sa première rentrée à l’Université Acadia, en Nouvelle-Écosse. Personne ne se doutait que ce serait sa dernière.

L’adolescent a été retrouvé inconscient le lendemain matin dans un sous-sol du campus de Wolfville après une nuit de consommation excessive d’alcool. Il fut aussitôt transporté au Queen Elizabeth II Health Sciences Centre d’Halifax dans un état critique.

Sa mort fut annoncée plus tard dans la journée.

Peu après, les employés de l’université organisaient une réunion pour informer le reste des étudiants de la perte de leur nouveau confrère. Inutile de s’étendre sur l’atmosphère qui régnait dans la réunion.

Pour Marie-Linda Lord, vice-rectrice aux affaires étudiantes et internationales à l’Université de Moncton, il s’agit d’une nouvelle des plus désolantes : « C’est un terrible incident qui nous rappelle, comme on dit, que la modération a bien meilleur goût. Il est possible d’avoir du plaisir avec modération et ce jeune homme l’a payé avec sa vie. » Elle rajoute que « cela fait une famille blessée à vie et une communauté étudiante profondément perturbée en début d’année. »

Marie-Linda Lord ne pourrait pas dire mieux. Tel que rapporté par la chaîne CBC le 8 septembre dernier, le président de l’Université Acadia, Ray Ivany, ainsi que le président de leur fédération étudiante, Ben Jessome, laissent tous deux entendre que ce décès a eu un impact désastreux au sein de la population étudiante, des employés de l’université et de la famille du défunt.

Au-delà de cela, c’est tout le pays qui se trouve présentement plongé dans le deuil. La nouvelle s’est rapidement propagée partout au Canada suite à l’impressionnante couverture médiatique entourant la tragédie.

Voulant savoir dans quelle mesure les logements étudiants de l’Université de Moncton étaient affectés par la nouvelle, Le Front s’est entretenu avec Vicki Thériault, gestionnaire des Services de logement au campus de Moncton : « Suite à ce qui est arrivé à Acadia, des courriels ont été envoyés aux gérants et assistants-gérants des résidences et appartements pour qu’on soit plus vigilants. On l’est déjà assez, mais des accidents comme ça nous font renforcer les règles afin de sensibiliser. Nous avons aussi le service de sécurité qui surveille les résidences les soirs et durant la nuit. »

Vicki Thériault précise au sujet des mortalités causées par l’alcool : « Depuis sept ans que j’occupe mon poste ici, à l’université, et cela n’est jamais arrivé. »

Les étudiants de Moncton peuvent donc se considérer chanceux, responsables ou bien encadrés. Peut-être un peu des trois.

Vicki Thériault souligne que la sécurité du campus veille à ce qu’il n’y ait pas de présence d’alcool dans les corridors des résidences. Elle soutient aussi que les locataires n’ont pas de couvre-feu mais qu’ils doivent cesser le bruit excessif à partir de 11h. De cette façon, dit-elle, « les soirées sociales sont tolérées, mais pas les partys ».

D’un autre côté, il faut comprendre que des mesures de contrôle et de prévention plus contraignantes sont généralement appliquées dans les campus où surviennent des accidents graves. Comme le rapportait encore Ray Ivany : « Si nous voulons minimiser les dommages, nous devons étudier de façon fondamentale les enjeux découlant des prix et des taxes entourant l’alcool, son accessibilité et ses moyens de publicisation. »

Autrement dit, la surveillance et les règlements régissant les activités étudiantes tendront à se resserrer pour éviter que se reproduise la tragédie à Acadia. Au final, c’est le reste de la population étudiante qui paye pour les mésaventures des autres, non seulement d’une perspective morale et psychologique, mais aussi sociale et récréative. Le renouvellement des politiques pour prévenir la consommation, tant au niveau provincial qu’universitaire, est une mesure possible qui viendrait pénaliser même les consommateurs responsables et avertis.

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