mercredi 28 septembre 2011

Rousselle et Dandurand abandonnent la poursuite

Au moment de mettre sous presse, Le Front a appris que Serge Rousselle et Yvon Dandurand, les deux candidats défaits au poste du vice-rectorat aux affaires étudiantes, ont abandonné leur poursuite face à l’Université de Moncton. Lundi en après-midi, Rousselle a envoyé une lettre aux médias expliquant les raisons qui l’ont mené à sa décision. Le Front publie donc l’intégralité de cette lettre et une couverture plus complète de l’affaire sera publiée dans l’édition de la semaine prochaine.

Il arrive un moment dans la vie où il faut savoir lâcher prise et ce moment est venu pour Yvon Dandurand et moi. Comme vous le savez, nous avons entrepris le 15 juillet dernier une poursuite judiciaire contre l’Université de Moncton visant à obtenir l’annulation de la nomination de la nouvelle vice-rectrice aux affaires étudiantes et internationales en raison des nombreuses irrégularités qui ont mené, selon nous, à cette nomination.

Les documents relatifs à cette poursuite ont été rendus publics il y a une dizaine de jours et, en toute franchise, je croyais naïvement qu’à la lumière des informations qu’ils contiennent, les membres de la direction de l’Université et du Conseil des gouverneurs se rendraient rapidement compte qu’ils ont fait fausse route en matière d’équité procédurale et voudraient sans tarder rectifier le tir pour le plus grand bien de l’institution et de sa réputation.

Or, il n’en est rien. Après avoir refusé au point de départ d’éclaircir les événements que l’on sait et d’aller au fond des choses par l’entremise d’une commission d’enquête indépendante et ainsi éviter une poursuite judiciaire, ils ont décidé la semaine dernière de continuer dans la même direction. Selon leur vocabulaire, ils vont répondre à notre poursuite avec « vigueur », « détermination » et « sévérité ».

À mes yeux, cela signifie qu’ils vont utiliser tous les moyens juridiques à leur disposition pour arriver à leurs fins et c’est leur droit le plus légitime, j’en conviens. Toutefois, quand un individu affronte une institution, le juriste en moi qui, sa vie durant, a toujours été préoccupé par l’accès à la justice, connaît fort bien les conséquences possibles d’une telle approche. Avant d’arriver au fond de l’histoire, outre les risques d’appel et les moyens financiers et humains disproportionnés, de motion en motion, la procédure pourrait occuper beaucoup d’espace et de temps. En de telles circonstances, c’est souvent David contre Goliath, soit une personne qui se représente seule et qui doit continuer à gagner sa vie autrement (et qui, dans ce cas-ci, représente bénévolement un collègue), contre une équipe d’avocats payés par l’institution.

Dans cette logique, dès la semaine dernière, outre l’avocat de l’Université officiellement commis au dossier, soit Maître Philippe Eddie, plaideur reconnu et apprécié, j’apprenais sans problème que d’autres avocats s’activaient en fournissant des services de recherche dans cette affaire. De plus, dès vendredi, je recevais un document qui me confirmait que la procédure risquait d’occuper beaucoup d’espace et de temps, bien avant d’arriver au fond de l’affaire et possiblement bien après que plusieurs des principaux responsables de cette histoire ne soient plus aux alentours depuis belle lurette pour y répondre, le cas échéant, de leurs agissements.

Dans un tel contexte, dans l’espoir d’obtenir des réponses dès maintenant et au lieu d’être embourbé dans cette saga au point d’y sacrifier tout mon temps pendant d’innombrables mois, voire des années, j’ai décidé, d’un commun accord avec Monsieur Yvon Dandurand, de lâcher prise, et ce, sans avoir à y laisser ma santé physique et financière, d’autant que ni l’un ni l’autre ne voulons désormais de ce poste dans les circonstances.

Or, non seulement ce geste de lâcher prise me permet-il de pouvoir reprendre pleinement ma liberté de parole et d’épargner aux membres du corps étudiant et à leur famille une aventure judiciaire dont ils auraient pu faire encore plus les frais, mais il signifie également que l’Université devrait pouvoir librement nous éclairer quant aux informations qui ont transpiré au cours des derniers mois. Dans cet esprit, il revient aux journalistes de poursuivre l’excellent travail qu’ils ont entrepris dans toute cette histoire.

Par ailleurs, à tous ceux et toutes celles qui m’ont appuyé depuis le début de cette quête pour découvrir la vérité, je vous dis merci. En guise d’excuses à peine voilées à tous ces gens fantastiques qui ont préféré ne pas se réfugier derrière une confidentialité qui peut être mal utilisée et qui n’ont pas hésité à me donner de la précieuse information – parfois au péril de leur carrière–, je vous dis simplement que je n’ai ménagé aucun effort pour tenter de mettre en lumière des faits pour lesquels il faut continuer à tenter d’obtenir des réponses.

Je voudrais également exprimer un merci spécial à l’étudiant Ghislain LeBlanc qui, le premier, a osé soulever publiquement le sujet et au professeur Michel Cardin dont l’intégrité fait honneur à tous les membres de son syndicat, ainsi qu’aux quatre autres personnes qui ont accepté de signer des affidavits pour appuyer notre requête devant les tribunaux. De même, je m’en voudrais de ne pas saluer publiquement l’homme extraordinaire qu’est Yvon Dandurand, une personne qui, comme l’avait si bien compris le comité de sélection, méritait amplement le poste en question et qui, sans l’ombre d’un doute, aurait grandement contribué au développement de l’Université et de l’Acadie. C’est notre perte et non la sienne.

Enfin, pour ma part, alors que je songe à quitter mon Acadie en voguant vers d’autres cieux et reprendre ainsi le cours de ma vie, je peux simplement vous assurer que j’entends utiliser ma liberté de parole retrouvée pour continuer à défendre les principes de démocratie, de transparence et de collégialité qui doivent être le propre de toute institution universitaire digne de ce nom.

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