mercredi 28 septembre 2011

Le dernier chapitre de l’affaire Troy Davis

par Martin Savoie

La semaine dernière, les États-Unis tiraient un trait sur l’un de leurs cas juridiques les plus médiatisés à l’échelle de la planète. Mercredi dernier, Troy Davis, reconnu coupable du meurtre d’un policier, a été exécuté après un processus fortement contesté par la population.

L’affaire Troy Davis ne date pas d’hier. En effet, le crime remonte à la nuit du 19 août 1989, dans la communauté de Savannah, en Géorgie. Davis aurait tenté, avec un complice, de voler les effets personnels d’un homme qui marchait dans la rue. Lorsqu’un policier, Mark McPhail, est intervenu, les deux hommes ont pris la fuite et celui-ci a pourchassé Davis. Lorsque le policier s’est rapproché de Davis dans sa poursuite, Davis a pointé son arme à feu sur lui et a tiré. Davis a ensuite pris la fuite pour la ville d’Atlanta où il s’est rendu à la police le 23 août.

C’est au terme d’un procès de près de deux ans qu’en août 1991, Troy Davis a été reconnu coupable du meurtre de Mark McPhail, une décision que Davis a contesté à plusieurs reprises durant les années qui ont suivi.

Au fil des requêtes d’appels, les témoins ayant signé des affidavits inculpant Troy Davis se sont peu à peu rétractés. En effet, sur les neuf témoins ayant présenté des affidavits à la cour, seulement deux n’ont pas demandé à retirer leur propos ou demandé à changer leur témoignage. De ces sept témoins, certains d’entre eux déclarent avoir répondu sous les pressions des enquêteurs. L’un d’entre eux aurait même signé un affidavit écrit par un policier malgré qu’il fût illettré.

L’affaire a vite fait le tour du monde alors que plusieurs mouvements de justice sociale, dont Amnistie Internationale, appuyés par plusieurs personnalités connues, dont l’ex-président américain et ancien gouverneur de la Géorgie Jimmy Carter, ont démontré leur mécontentement face à la décision de la cour de l’état de ne pas donner clémence à Troy Davis malgré que les avocats de ce dernier emmenaient des témoignages ainsi que des preuves qu’ils présentaient comme étant suffisantes afin de le disculper.

Au cours de ces démarches, l’exécution de Davis s’est vue repoussée trois fois. C’est toutefois le 21 septembre, à 23h08, que Troy Davis est déclaré mort par injection létale.

Bref, il aura fallu vingt ans de médiatisation, de revendications et d’appels en vain avant que la sentence ne soit exécutée. Sentence exécutée sur un homme ayant clamé son innocence jusqu’à son dernier souffle.

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